A son réveil, Charlotte se retrouve dans un grenier inconnu au mobilier minimaliste. Deux tabatières dans le toit, une trappe close sur le plancher et une porte béante dans le mur (sans doute un ancien accès pour empiler la paille et le foin).
Par qui, pourquoi et comment est-elle arrivée là, nul ne le sait, ni ses proches qui la recherchent, ni elle-même, ni même vous, lecteurs !
Cinq journées d'angoisse et de (presque) solitude qu'elle vous fait vivre mot à mot, d'espoir en désillusion, de déboires en révoltes, d'imagination en réalité.
Un huit-clos hallucinant.
... et encore ! Ce n'est que la première saison.

samedi 28 avril 2012

MARDI 6 JUILLET (épisodes 1 + 2)

Charlotte écarte péniblement les paupières. Elle est en sueur, son crâne est lourd, ses lèvres cartonnées et sa bouche pâteuse. On l’a allongée sur le ventre et son bras droit, abandonné sous elle, est endolori. Sous sa blouse, un vent léger effleure le creux de ses reins. Elle ne se rappelle plus s’être endormie, à un moment ou à un autre. Ce dont elle se souvient est on ne peut plus vague : c’était l’après-midi, elle venait d’allumer la télé avant de se lover sur le gros fauteuil de la salle de séjour, nuque et creux des jambes sur les accoudoirs comme à son ordinaire. Devant un feuilleton stupide, elle était en train d’achever une bouteille de vodka à même le goulot.

Si sa sœur, Justine, lui était tombée dessus, Charlotte se rappellerait pour le moins du sermon qui, immanquablement, aurait suivi, du genre des rodomontades de jeudi dernier, lorsque Justine était rentrée du travail à l’improviste et l’avait surprise en compagnie de Cindy, une bouteille de whisky aux trois-quarts vides entre elles-deux.

En l’occurrence, Charlotte n’a aucun souvenir de ce genre pour aujourd’hui. Il est plus vraisemblable que, dans un état second, elle a finalement réussi à grimper jusqu'à sa chambre pour se jeter sur son lit comme un pantin désarticulé.
Elle a gardé sa blouse sur le dos ainsi que sa nouvelle jupette blanche. Au bout de ses jambes nues, elle constate qu’elle n’a pas pris la peine d’ôter ses chaussettes dont les côtes en dentelle sont à présent tourneboulées sur les chevilles.
Charlotte ouvre un regard glauque. Son mal de tête est abominable et son lit n’est plus qu’un frêle radeau chahuté par la tempête. Du bout des doigts, elle palpe la houle à bâbord où surnagent peut-être ses bottines de basket. Elle ne les trouve pas davantage à tribord et, fait curieux, sa montre-bracelet a également disparu de son poignet.
Pis encore, c’est qu’elle se retrouve sur une embarcation totalement inconnue d’où la jeune fille ne reconnaît rien de ce qui l’entoure.

C’est un grenier sombre et poussiéreux, dont les poutres et solives ont grisé avec le temps. De chaque côté du toit pentu, deux vasistas entrouverts diffusent une chiche lumière à travers de vilaines vitres maculées de pluie séchée. Là-bas, en plein mitan du mur, il y a une porte en vieilles planches disjointes, et, sur la droite, une trappe est rabattue sur le sol. Le mobilier se résume à ce grand lit rouillé d’où elle émerge, une table et une chaise vermoulues, une armoire haute, dont la porte baille, dégauchie sans doute par l’impressionnant miroir qui y est encastré, et enfin, à ce coffre de bois, vraisemblablement bondé de nippes, d’objets dépareillés et inutiles, voire inquiétants. Sur la table, une carafe et un gobelet en plastique, d’un vert pastel très actuel, dénotent singulièrement dans ce décor d’un autre temps.

Sous elle, le creux du matelas est souillé, virant de taches carmin en flaques rose bonbon. Charlotte, dégoutée, s’est reculée sur un bord, les genoux ramenés contre sa poitrine. La simple idée de poser un orteil à terre la terrorise. D’un coup d’œil circulaire, la voilà en quête de repères personnels autres que ses seuls habits.
Au pied du lit, une couverture douteuse est chiffonnée sur le sol, couvrant dieu sait quoi ou dieu sait qui. Un petit coussin rouge, étrangement pimpant neuf, traine au hasard sur sa couche comme un objet familier, mais cela n’est pas assez pour la tranquilliser. Juste au-dessus de sa tête, elle hallucine sur une araignée moisie, piégée pour une éternité dans sa toile filandreuse. Cependant, l’angoisse bien davantage ce silence qui l'empaquette comme un brouillard opaque.

La cruche est à moitié pleine d’un liquide rosé à l’odeur âcre. Elle y trempe l’extrémité du petit doigt et, suspicieuse, se décide à le sucer. Ce n’est que du jus de pamplemousse, rien de moins, rien de plus.
De toute manière, songeait-elle, pourquoi se serait-on risqué à l’enlever manu militari et à la trimballer en catimini jusque dans un grenier de province si c’est pour l’empoisonner tout aussitôt, sans autre forme de procès ?

La porte-miroir ressemble à une issue, mais Charlotte n’y rencontre que sa propre image. « Jolie compagnie ! », se déprécie-t-elle, en reluquant ses joues trop rondes, ses seins qui ne le sont pas assez, et les fesses plates et carrées paraissent rivaliser d’horreur avec ses jambes un peu trop torses. 
Il lui faut bien reconnaître qu’elle n’est rien en comparaison de Cindy. Et c’est tant mieux ! Car Cindy a beau avoir un corps de rêve et des airs intelligents, ce n’est en définitive qu’une blondinette de pacotille !
N’empêche que c’est toujours la blonde qu’on accoste en rue « pour faire connaissance ». A ses côtés, Charlotte fait office de faire-valoir, de petite brunette mal fagotée trottinant derrière une nana super canon. Charlotte ne vaut, dans le fond, pas tripette…
En la traînant, elle, dans ce grenier pourri, on s’est somme toute trompé de marchandise. C’est Cindy qui devrait s’y retrouver.

A Charlotte d’assumer le rôle de la victime. De qui ? Pourquoi ? Pour combien de temps ? sont des questions bien angoissantes. Mais, avec son physique ingrat, si rapt il y a, elle estime néanmoins que ce n’est en tous cas pas pour ses beaux yeux !

Entretemps, elle n’a toujours pas la moindre idée sur la façon dont tout cela a bien pu se dérouler.
Ce dont elle se souvient parfaitement, c’est d’avoir déambulé ce mardi midi en ville, en compagnie de Cindy. Comme toujours, Cindy avait dépensé une somme considérable dans les boutiques en l’espace d’une heure, montre en main, et faire son numéro d’enfant gâté empresse toujours les staffs de vendeuses qui reniflent sans doute la carte de banque paternelle.
Et, comme à son ordinaire, en présence du personnel masculin, son numéro devient plus cru et plus osé : « Aidez-moi à choisir, voulez-vous ?... », les entraîne-t-elle vers une cabine d’essayage, puis, enfilant un vêtement : « Que préférez-vous, celui-ci ? », enfilant ensuite un autre « ... ou celui-là ? ». C’est finalement elle qui les mate. Des fois, le jeune homme croit faire une touche et, en guise de message, oublie telle ou telle pièce dans l’addition.
Sans compter ce que Cindy a réussi à frauder, profitant qu’on ne louchât que vers ses seins et ses fesses pour chiper en toute impunité. En somme, Cindy disposait d’une période toute personnelle de soldes, qui couvrait en définitive toute l’année.

Charlotte, elle, ne bénéficiait d’aucun de ces arguments. Elle s’était donc sagement rabattue sur le rayon des démarques et, pour moins d’un demi billet de mille, avait pu acquérir la jupette blanche très classe qu’elle porte en ce moment ainsi qu’un pantalon droit, bleu et rigoureusement classique, comme les aime sa sœur Justine. Cindy, vexatoire sans même s’en rendre compte, lui avait fait cadeau d’un mignon ensemble gris bien plus à la mode de l’année que... ce que Charlotte vient d’acheter ! Cette dernière n’a pourtant aucune prédilection pour ce genre de ton mitigé, plus tout à fait noir et pas tout à fait blanc.

Ensuite, vers quatorze heures, comme Cindy criait famine, il avait fallu noyer un hamburger dans un milk-shake. Enfin, après une ultime boutique où il est impensable que Charlotte ne voie pas cette craquante paire de pompes à dix mille balles, Cindy avait commandé un taxi sur son téléphone cellulaire qui, entre parenthèses, n’avait pas cessé de grésiller depuis le début de leur lèche-vitrine et sur lequel son pouce pianotait dès qu’il se libérait de sa farfouille dans les rayons. Dans la voiture, Cindy avait encore tenté de la convaincre d’essayer ensemble toutes ces petites babioles qu’elle venait d’acquérir pour moins que rien...  Pour Charlotte, moins que rien, c’était déjà trop. De surcroît, si Cindy s’incrustait chez elle, ou l’inverse, elle aurait encore à subir des remarques sardoniques du genre : « C’est fou comme, sur toi, cette jupette paraît complètement nulle, mon chou... » ; aussi avait-elle inventé n’importe quel prétexte - elle ne savait plus trop lequel à présent - pour que cette blondasse lui lâchât les baskets.

Sa mère ne se trouvait pas à la maison – c’était dans les normes ! -  mais il n’était pas trop tôt pour que Justine la surprît inopinément en flagrant délire d’une bouteille de vodka. Avoir subi les commentaires désobligeants de Cindy y incitait franchement, il faut le dire, sans compter cette damnée canicule des jours derniers. Ses pieds pataugeaient dans les baskets et le lui faisaient d’ailleurs bien sentir. C’était à ce moment-là sans doute qu’elle avait abandonné ses godillots en plein mitan du salon. Il n’y avait personne pour la remettre à l’ordre et, par ailleurs, personne non plus devant qui parader avec ses nouveaux achats.
Charlotte n’était plus bonne qu’à se caler dans un fauteuil, devant la télé’, et, tout en perdant peu à peu le fil conducteur du scénario débile qui squattait l’écran, elle avait fini par écluser la bouteille de vodka jusqu’à la lie.

Sa mémoire lui joue décidément un sale tour. A vrai dire, elle ne se souvient strictement de rien entre cet instant-là précis et le moment présent. Sans doute tout cela n’est-il qu’un cauchemar dont ce grenier n’est peut-être que le décor absurde. En réalité, elle roupille tout bonnement dans le fauteuil. Bientôt, Justine va lui secouer les loques et hochera devant son nez la bouteille vide de vodka. Charlotte la laissera gesticuler le temps qu’il faudra, un œil vague scotché sur l’écran et, lorsque Justine éclatera en sanglots en se plaignant d’avoir à jouer les rôles ingrats du père, de la mère et de la grande sœur à la fois, tout rentrera dans l’ordre comme par enchantement.
Le hic, c’est que Justine tarde singulièrement à crever la bulle dont sa sœur cadette est vraisemblablement captive.




La prisonnière (n’est-ce pas ce qu’elle est à présent ?) s’avance d’un air piteux vers le mur où la porte sera cadenassée à double tour, c’est sûr !
Le battant accepte cependant de pivoter sur des charnières couineuses et se cale de lui-même en bout de course, contre le mur intérieur, avec un claquement sec.
A ses pieds, il n’y a que le vide, une dizaine de mètres au moins, et, devant ses yeux égarés, un paysage vallonné qui s’étend à perte de vue. Déjà à moitié convaincue qu’il ne s’agit pas d’un rêve, elle repère instinctivement ce qui ou qui serait susceptible de la libérer. Il n’y a qu’un clocher minuscule, un bois inquiétant, une route à distance respectable, des champs de blés, de seigle ou d’avoine - peu importe ! , une pelletée de vaches dans un pré, un cheval isolé dans un autre, et, chapeautant le tout, un ciel bleu, pesant, étouffant, bref, rien de quoi ni de qui espérer un quelconque secours.
En s’accrochant fermement aux arêtes intérieures du mur, sans même oser poser un orteil sur le rebord pourtant plus profond qu’un avant-bras, Charlotte se hasarde à jeter un coup d’œil vers le bas.

Contre le mur extérieur, sur la gauche, une échelle arrive au niveau de l’embrasure mais elle lui paraît trop éloignée pour être accessible. De toute manière, elle ne s’imagine pas faire le singe sur une échelle à pareille hauteur. A droite, le mur est orbe et, tout en bas, une bâche recouvre quelques stères de bois coupé en longues bûches. Lever les yeux est moins risqué : en avancée au-dessus de sa tête, une poulie rongée de rouille, où ne pend aucune corde, semble bien prête à lui fracasser le crâne.

S’il s’agit d’une blague qu’on lui a faite, songe Charlotte, incrédule, elle la trouve quelque peu saumâtre. Aussi, pour en avoir le cœur net, elle se rue sur la trappe qui ne résiste pas davantage que la porte quand elle tire sur l’anneau faisant office de clenche. L’escalier sombre qu’elle découvre pourrait être rassurant, mais il ne l’est pas. En calant la trappe dressée contre le mur, elle s’assure qu’elle ne lui retombera pas dessus lorsqu’elle descendra les premières marches.
Elle ne voit sur sa droite, en bas, qu’une vague trouée de lumière. Un sentiment indéfinissable la persuade subitement que tout cela n’est pas une plaisanterie. Elle se demande ce qui l’effraiera le plus : ne trouver personne ou tomber nez à nez avec un inconnu ?
Elle suspend son élan, un pied en l’air, et se félicite bientôt de sa prudence car, à l’étage plus bas, un galop lourd est en train de la rejoindre. Instinctivement, elle remonte en hâte, ramène la trappe qui lui claque lourdement sur le bout des doigts. Elle ne peut réprimer un cri de douleur et sent une coulée tiède envahir sa petite culotte.

Bah ! En rêvant cette abominable histoire, elle a pissé au lit, voilà tout ! Dès qu’elle rouvrira les yeux, ce sera un matin bien ordinaire. Justine viendra bientôt la secouer et se fâchera parce qu’elle aura fait le lien entre les draps trempés et la bouteille vide de vodka sur la table de nuit. Charlotte reprendra pied dans cette douce réalité en se riant déjà de cette trappe qui lui a mordu les doigts ou de ce trou béant dans le mur qui semblait bien vouloir la happer. Elle se rappellera avoir lu ou entendu quelque part qu’une chute vertigineuse est bien souvent la seule issue pour se libérer d’un rêve trop envahissant. Elle en aura été quitte pour une trouille bleue mais elle se bénira de s’être résolument jetée dans le vide.
 
Et si tout cela n’est pas un songe ? se dit-elle subitement, une seconde à peine avant de se lancer par-dessus bord. Haletante, elle a repoussé violemment la porte au moment ultime. A présent, dos contre le mur et jambes serrées, Charlotte s’abandonne de tout son soûl car elle n’arrive plus à contracter aucun muscle de son ventre. La moiteur tiède qui coule au long de ses jambes semble trop tangible pour ne pas être réelle et elle a beau se pincer le bras, puis le gras de la cuisse, une joue, rien n’y fait : cette astuce fallacieuse pour se réveiller n’est qu’une absurdité de plus, comme son image pitoyable dans le miroir, comme les objets qui l’entourent, comme le bruit lointain d’une cloche qui, à cette distance, tintinnabule plus faiblement qu’un grelot.
Personne n’avait réagi à son cri de frayeur et le cerbère n’est même pas en train de renifler dans les interstices de la trappe. Ce village est sans doute abandonné et, qui sait ?, l’église ne carillonne peut-être plus que pour elle seule. 

Charlotte est désorientée, dans un monde sourd, muet, absent, un monde fantôme. Qu’en sait-elle si elle a dormi quatre, douze ou vingt-quatre heures d’affilée et quelle importance finalement s’il est maintenant sept ou dix-neuf heures ?

Charlotte regagne le bord du matelas sans trop savoir que faire, sinon s’essuyer les jambes avec un bout de la couverture qu’elle a osé ramasser, non sans circonspection. Il n’y a rien dessous, évidemment. C’est comme ces stupides histoires de gosses : pourquoi le croquemitaine se cacherait-il sous les lits alors qu’il sait pertinemment que c’est le premier endroit qu’on inspecte avant d’aller dormir ? Franchement, la penderie d’une haute armoire serait pour lui une cachette bien plus confortable, et sans conteste plus surprenante. A-t-on l’idée de vérifier si quelqu’un se dissimule dans une garde-robe, entre un manteau et une chemise ? De même, comment imaginer aussi qu’un plaisantin se soit recroquevillé dans un coffre ?
Elle se relève aussitôt d’un bond, terrifiée d’avance par ce qu’elle trouvera sous le sommier, et se plaque sur le sol, ventre à terre, la couverture tendue à bout de bras pour amortir un éventuel coup de pied ou de poing de l’adversaire. « Je délire… », pense-t-elle amèrement en dardant encore un regard soupçonneux en direction du coffre et de l’armoire. Mais cette dernière baille tranquillement et le coffre camouflerait à peine le corps d’un enfant.

Apparemment, le seul résultat de son investigation est d’avoir retrouvé sa montre-bracelet, à portée de main sous le lit. Il est exactement dix-neuf heures et trois minutes. En la rattachant au poignet, elle est ravie, à défaut de deviner où on l’a entraînée bien malgré elle, de pouvoir tout au moins se situer dans le temps. Le calcul est simple : cinq heures se sont écoulées depuis qu’elle est sortie du taxi et, pour terminer la vodka, il lui a bien fallu une demi-heure, voire une heure tout au plus. Elle s’est réveillée il y a un gros quart d’heure. C’est donc dans un laps de temps de maximum trois heures quarante-cinq qu’on l’a enlevée et emmenée jusqu’ici.
Justine a déjà dû constater sa disparition, à moins qu’elle suppose la trouver chez Cindy. Dans ce cas, elle attendrait patiemment un coup de fil de sa part et ne commencerait à s’inquiéter que vers neuf heures du soir. Cindy lui certifierait l’avoir déposée chez elle aux environs de quatorze heures. Justine téléphonerait sans doute aux hôpitaux, puis avertirait la police qui ne réagira peut-être pas pour autant avant le lendemain matin. S’affole-t-on encore en effet dès la première frasque ou à la moindre lubie d’une adolescente ?


- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

Charlotte se réfugie sur le lit, qui ne vaut pourtant guère mieux qu’un rafiot dans l’océan, mais c’est sur ce matelas volant qu’elle est tombée dans le sordide et elle espère sans trop y croire que c’est là qu’elle trouvera le chemin du retour. Il lui suffit peut-être de s’y rendormir pour que le charme opère à contresens.
Son slip détrempé la gêne et elle frissonne malgré la maudite canicule qui perdure depuis le début du mois. Drapée dans la couverture, genoux fléchis sous le menton, talons contre les fesses et bras enroulés autour des jambes, elle fixe d’un air égaré le bord de la trappe sous laquelle elle peut tout imaginer.

Il est dix-neuf heures trente-sept, bientôt trente-huit. Les deux vasistas diffusent une lumière chiche et couchante. Charlotte ne cherche pas le sommeil et ne parviendrait de toute manière pas à le trouver. Ce qu’il y a ou non derrière cette porte-miroir de l’armoire l’obnubile. Enfin, quand elle se décide à franchir les trois ou quatre mètres qui l’en séparent et que, à peine en a-t-elle touché le bord que le pan pivote de lui-même, Charlotte découvre une penderie vide, dans laquelle elle pourrait se tenir debout sous la tringle.
Seulement deux essuies de toilette soigneusement pliés dans une bassine écaillée y traînent dans l’ombre. C’est ridicule : il n’y a même pas de robinet d’eau dans ce grenier. Elle inspecte à nouveau les alentours, persuadée toutefois qu’elle y a déjà tout recensé.

De l’intérieur, au travers du miroir, elle entrevoit alors le lit sur lequel elle était couchée quelques secondes auparavant. La couverture roulée en boule et le coussin rouge sont plutôt criants de vérité. « Un miroir sans tain ! », s’éberlue-t-elle. D’abord incrédule, elle gamberge déjà sur l’avantage qu’elle pourra bien en tirer. Elle grimpe sans hésiter dans l’armoire et rabat la porte sur elle. Il y a également une poignée pour la tirer de l’intérieur.
Le dispositif ne la rassure guère : si, maintenant, elle a la possibilité de voir sans être vue, sans doute aussi, à un moment ou un autre, lui rendra-t-on la pareille. Tôt ou tard, ceux qui la séquestrent lui imposeront leur double jeu : par exemple, tandis qu’un invité l’entraîne de force dans un coin, un autre a l’occasion de mater la scène, à discrétion d’elle-même comme du premier. C’est grotesque, halète-t-elle en se repliant en accordéon sur le plancher de la garde-robe, en quoi sa petite personne serait-elle susceptible d’éveiller le désir de vieillards libidineux ? Elle n’est qu’une jeune oie inexpérimentée, pas bien jolie en vérité - voire moche -, elle n’est pas trop futée non plus mais jamais elle ne consentira à se soumettre à leurs perversités.

Charlotte soupèse la situation. Quel intérêt, sensuel ou autre, trouverait-on à une fille aussi tristement insignifiante qu’elle ? Certainement doit-elle chercher ailleurs la clef du problème, au-delà des apparences.
La solution n’est peut-être qu’une évidence. D’une seconde à l’autre, Justine va soulever la trappe et pointer le nez. « Bonjour, tu as bien dormi, Charlotte ? », dira-t-elle avec un large sourire, « Comment tu trouves ta nouvelle chambre ? ». Charlotte grimacera une moue dubitative, à seule fin de masquer l’angoisse ridicule qui la tenaille encore. « Bien sûr, », ajoutera Justine en l’embrassant, «… il faut encore tout isoler, tout retaper, tout rafraîchir, acheter de nouveaux meubles, mais l’endroit est sympa, non ? ».
Elle s’est endormie pendant le trajet, voilà tout !, et elle ne se souvient plus de rien, ni de leur départ ni de leur arrivée. Elle ne se rappelle cependant pas que sa mère et sa sœur aient eu le projet d’acheter une bicoque misérable, de surcroît dans une campagne aussi morne. Néanmoins, cette éventualité la soulage et la ragaillardit. Elle n’est donc pas séquestrée par d’ignobles individus et, bientôt, elle visitera cette maison de fond en comble en se moquant elle-même de ses terreurs.






Charlotte s’extirpe de l’armoire et, rassurée, se dirige d’un pas résolu vers le trappe. Cette fois, ce maudit battant résiste. On a dû le verrouiller de dessous, à moins que, en tombant tout à l’heure, il se soit bêtement gauchi dans l’encadrement, ce dont elle doute car, par un interstice d’au moins cinq millimètres tout autour, passe un léger courant d’air, mais elle a beau y coller l’oreille, aucun bruit ne trahit la présence de sa mère ou de sa soeur. Probablement préparent-elles le repas au rez-de-chaussée ou sont-elles en train de contempler leur nouveau jardin. Il lui suffit de jeter un œil par la porte du mur, d’où elle les apercevra sans doute.  

Le vide hallucinant s’étend devant elle, le clocher bat tranquillement ses huit coups dans le lointain. A ses pieds, sur le large rebord, il y a la présence aberrante d’un plateau en osier farci de victuailles. L’échelle est maintenant à sa droite, presque à portée de main. En tendant le bras, elle pourrait l’atteindre du bout des doigts, mais, à son avis, même en se couchant pour assurer son propre équilibre, elle ne parviendrait pas à la faire pivoter légèrement jusqu'à elle, ni à soulever ensuite une telle masse afin d’en stabiliser les pieds à la verticale sur le sol. Pourquoi sa mère et sa sœur lui feraient-elles parvenir son souper de cette manière ridicule ? Même en supposant qu’elles soient toutes deux ulcérées de l’avoir retrouvée ivre morte, ce n’est pas du tout leur genre de lui concocter une pareille punition.
L’inventaire de ce qu’on lui propose à manger confirme d’ailleurs cette évidence : Justine déteste en effet les pommes du Cap, leur mère n’a jamais emballé non plus des tartines - ni quoi que ce soit - sous cellophane et elle-même ne reconnait pas du tout le récipient en plastique blanc dont elle vient de soulever le couvercle avec suspicion. Charlotte y examine les deux tranches de rôti sur leur lit d’haricots verts. Quant à l’assortiment de fromages, tout le monde sait pertinemment bien qu’elle n’y toucherait pas, dût-elle en crever de faim.
Ce n’est ni le moment ni l’endroit de s’évanouir, gémit-elle, atterrée par cette fichue réalité qui la submerge à nouveau. Sous son crâne s’accélèrent les pires suppositions qu’elle avait cru évacuer cinq minutes auparavant.
« La réalité est là, ma petite Charlotte : tu es bel et bien en cage et on ne te jette pitance que pour te maintenir en vie ; déjà, on ourdit pis que pendre à ton égard ! », croit-elle entendre de la voix même de sa sœur.
En définitive, qui sait si se catapulter dans le vide n’est pas un moindre sort que celui qui l’attend ?

L’évidence est, d’un côté, qu’elle se sent incapable de se défenestrer et, d’un autre, qu’elle ne sait comment anticiper ce qu’elle va devoir endurer. Entre les mains de ses ravisseurs, qu’est-elle d’autre qu’une poupée qu’on use ou dont on abuse, qu’un jouet à prendre ou à laisser au gré des humeurs ? Des flashes imprécis - plus angoissants encore que s’ils étaient explicites - la naufragent comme une pirogue chahutée dans le courant. Ce qu’on attend d’elle est impensable. C’est certain : on s’est trompé de marchandise ; on voulait enlever Cindy, ou sa sœur à la rigueur ; on n’est tombé sur elle que par hasard, par accident, par défaut.
D’ailleurs, comment réagirait Justine si elle était à sa place ? « En mangeant… », croit-elle l’entendre répliquer et, en effet, en dépit de ce qu’il lui arrive, Charlotte est tout bonnement morte de faim. Mais, lorsqu’elle tend le bras pour s’emparer de l’une des pommes, c’est Cindy qui semble cette fois chuchoter près de son oreille. « Arrête ! C’est bourré de barbituriques, ces machins-là ! », lui souffle-t-elle sur un ton bien peu rassurant. « Pas une pomme, tout de même ! », soliloque Charlotte à mi-voix. « A quoi ça sert, les seringues, selon toi ? », insinue encore Cindy, avec l’horrible sourire satisfait de celle qui est ravie de ne pas se trouver elle-même en pareille situation.
C’est clair que, à sa place, la blondinette n’en mènerait pas large. Il est facile de l’imaginer en train de se lamenter, geignant comme une vierge effarouchée et implorant ses geôliers de l’épargner, de ne lui faire aucun mal. Bien entendu, de telles jérémiades en auraient excédé plus d’un et il y a gros à parier que, à l’heure actuelle, elle aurait déjà ramassé une bonne paire de gifles qui l’aurait envoyée sur le lit comme un torchon. Une lopette, n’est-ce pas ce qui excite particulièrement un sadique ? C’est sûr : il n’aurait pas manqué de lui sauter dessus et de la crucifier sauvagement en considérant ses cris d’effrois comme des gémissements de plaisir. C’est certain : par la suite, Cindy serait le genre de fille à se cloîtrer jour et nuit dans la garde-robe exiguë comme un monte-charge, en y reniflant non sans terreur les relents de vieille cire et de moisissure.

Il n’empêche, se dit-elle plus sérieusement, qu’on pourrait bien profiter de son sommeil pour pénétrer dans le grenier à son insu, par la trappe ou par cette porte absurde qui ne mène ridiculement à rien. A-t-on idée de placer une issue plus piégeante encore que s’il s’agissait d’un mur orbe ?

Dans un premier temps, elle considère que condamner la première présente peu de difficulté : il suffit de la caler sous un pied de la commode ou du lit.
Mais Charlotte déchante vite quand elle essaye de faire glisser l’armoire sur le sol. Certes, le bois grince un peu en ployant vaguement sur le côté mais il semble que les pattes sont rivées au plancher par leur poids séculaire. Le lit par contre est moins rétif et il accepte de parcourir quelques maigres centimètres à la toute première tentative. De sa vie, elle n’a jamais rencontré un sommier aussi lourd, mais elle doit bien admettre que changer un lit de place ne fait pas partie de son quotidien. De son front, lui coulent de longues gouttes qui l’aveuglent et salent finalement ses lèvres. L’été a débuté sur les chapeaux des roues et la chaleur est bien partie pour accabler son monde jusqu’à la Toussaint. 
Il est passé vingt heures trente quand elle arrive enfin à poser l’une des pattes métalliques en plein mitan de la trappe. Vannée, elle s’écroule sur le matelas. Sa sueur s’évapore. Elle a soif, elle a faim, elle est éreintée, mais elle n’est encore soulagée qu’à moitié : en effet, comment barricader cette satanée porte en plein mitan du mur ? Peut-être est-on déjà d’ailleurs en train de grimper sur l’échelle ; peut-être y a-t-il quelqu’un à mi-hauteur ; peut-être une nuée de visiteurs vont-ils se ruer sur elle. Cette fois, c’est une suée froide qui la ravage. Elle croit entendre craquer le bois de l’échelle. Bientôt, un visage horrible va s’encadrer dans l’embrasure. Ecartelée sur le lit comme une martyre, Charlotte est incapable de faire le moindre geste.
Elle se sent à point pour un sacrifice si elle peut toutefois espérer qu’elle jouira ensuite de quelques heures de répit.

Au cinquième tintement de cloche, rien ni personne n’a brusquement surgi du ciel ni de nulle part. Elle essaie de se convaincre que, si on avait eu l’intention de la violer, cela aurait déjà été fait, assurément. Qu’exige-t-on alors de sa part ? Pourquoi l’a-t-on enlevée ? Qui a donc envie de se régaler de sa petite personne ?
Peut-être la considère-t-on tout bonnement comme un joli petit animal exotique, comme un ouistiti, un mainate, un ara, se persuade-t-elle, juste avant de se lever d’un bond, tirer le plateau de vivres à l’intérieur et clore ce chapitre en rabattant la porte contre laquelle, assise à même le sol, elle s’adossera de toute sa cinquantaine de kilos. « Et tu vas rester ainsi toute la nuit ? », s’entend-t-elle penser, à moins que ce soit un nouveau coup télépathique de Cindy. « Oui. », répond-t-elle avec fermeté, « … en attendant une meilleure idée ! T’en as une autre, toi ? ».
C’est alors que Charlotte constate que la porte est armée tout bêtement d’un verrou. La rouille l’a rendu rebelle mais elle en vient à bout après deux ou trois poussées, non sans se meurtrir les doigts dont les empreintes sont maintenant couleur nicotine. Dans l’élan, elle en a oublié de rentrer les victuailles. Il lui faut recommencer toute l’opération : débloquer le verrou, faire pivoter le battant pour l’ouvrir, ramener le plateau et - qui sait ? - apercevoir au loin un éventuel signe libérateur.

De fait, sur la route, à une distance de vingt mètres à peine, un tracteur s’éloigne en toussant. Un nuage sombre jaillit du pot d’échappement dressé vers le ciel. Dans la cabine semi-ouverte, le fermier est cramponné à son volant et, à ses côtés, un gamin en culottes courtes se tient debout, accroché aux montants métalliques de l’habitacle. Il a le nez en l’air et se tourne vers l’arrière. Charlotte a l’impression que c’est elle que le moutard est en train de regarder, bouche bée, avec un air d’idiot.
Son premier réflexe est de lui faire signe, d’hurler, d’expliquer par gestes qu’elle est séquestrée. Mais comment peut-on mimer qu’on a été enlevée ?

Bien sûr, ils ne sont déjà plus qu’un mirage lorsque Charlotte s’adosse contre le battant refermé en hâte, les bras ballants et les jambes en coton. Ses yeux se mouillent de dépit.
Elle pousse le loquet d’un réflexe rageur. C’est déjà ça : on ne viendra pas la surprendre de ce côté-ci non plus et, puisque on n’a apparemment pas décidé de l’affamer, elle a le sentiment de contrôler entretemps un peu mieux la situation.
Elle peut enfin manger à l’aise : somnifères ou pas, on n’a plus aucune possibilité d’abuser de la situation.

Ce n’est tout de même pas avec une fourchette ou un couteau en plastique qu’elle aurait pu s’évader ! rumine-t-elle, un peu humiliée quand elle constate qu’on n’a pas cru utile de mettre des couverts à sa disposition. Dans quelle intention délibérée l’oblige-t-on à manger du bout de ses doigts rouillés ? N’est-ce qu’un avilissement de plus, comme l’absence de point d’eau ou la souillure d’un matelas ?






A la seconde tranche de rôti froid et après mûre gamberge, elle dresse son funeste bilan. Elle n’est désormais plus qu’un pantin dans les rêts d’un psychopathe dont le dessein est de l’amoindrir d’abord à seule fin de la rendre plus coopérative ensuite. Lorsqu’elle aura touché le fond de la honte, qu’est-ce que cela pourra encore lui faire si on la soumet aux pires atrocités ? Par avance, un frisson la traverse comme un mauvais augure. Elle se refuse ne serait-ce qu’à les imaginer.
Le miroir lui renvoie comme une gifle sa mine défaite. Charlotte n’en mène pas large et son corps encore vierge la dégoûte anticipativement.

Soudain, elle la repère, cette caméra vissée sur le chapiteau de l’armoire, à peine plus grosse qu’un œil de boeuf. Monte en elle le sentiment horrible qu’un regard fixe la dénude dans sa plus profonde intimité.
Aussitôt, elle en aperçoit une autre, sur sa gauche, une autre encore entre deux solives, en compte une quatrième derrière elle, au-dessus de la porte donnant sur le vide, une cinquième, là-bas à droite, et ainsi de suite : en fait, il y en a plus d’une dizaine, disposées en cercle autour d’elle.
Bref, où qu’elle aille dans ce fichu grenier, elle est inexorablement filmée sous toutes les coutures.

Depuis son arrivée, elle est donc en permanence sous surveillance. Comment ne les a-t-elle pas remarquées plus tôt ?
Cernée par les yeux globuleux et toute entière en suspens, Charlotte calcule à mi-voix - sans doute inconsciemment pour esquiver un brusque accès de folie - le nombre de cassettes vidéos nécessaires pour enregistrer une seule petite journée de son quotidien. Le métrage de la bande l’impressionne, mais moins encore que le coût quotidien global !
C’est la première fois depuis son arrivée qu’elle se rend véritablement compte de son statut de détenue. Cela devient incontournable, inéluctable. La voilà comme une poupée fragile, soumise à la cruauté d’une gamine joufflue qui s’ingéniera tôt ou tard à lui arracher un tout petit bras avec un ravissement certain, rien qu’un, puis, tant qu’on y est, une petite jambe et, finalement, pourquoi pas sa sale petite bobine ? Disloquée en morceaux sur le plancher, Charlotte ne se voit plus autrement que sous l’apparence d’un vulgaire sujet de fait divers : « Mademoiselle Unetelle, tel âge, disparue du domicile familial depuis tel jour, dont le corps vient d’être retrouvé, à tel endroit, dans un état tel que plusieurs heures ont été nécessaires pour le reconstituer afin que le médecin légiste puisse déterminer les sévices encourus ainsi que la cause réelle du décès… ». 

La réalité est parfois plus terrifiante que la pire des fictions. En fait, il y en a douze caméras exactement, disposées en un cercle légèrement penché sur l’horizontale, à distance régulière l’une de l’autre comme les heures d’une horloge. Charlotte pourrait en atteindre certaines en levant simplement les bras ; pour d’autres, il lui faudrait grimper sur la chaise. Comment réagirait-on, se dit-elle en essuyant des larmes du revers de la main, comment réagirait-on si elle en aveuglait la plupart, par exemple, à l’aide des essuies, et pourquoi pas de son slip et de ses chaussettes ?

Car, de deux choses l’une : ou bien il s’agit d’une simple affaire de voyeurisme et, en se laissant gentiment reluquer, elle a encore une infime chance d’en sortir vivante, ou bien elle a affaire à une perversité plus complexe qui, quoi qu’elle puisse faire, ne lui laissera aucune planche de salut.
Son dilemme ne l’a pas avancée d’un pas. Dans un cas comme dans l’autre, elle est totalement à la merci de son ravisseur, dans les deux cas, arrivera bien un moment où elle sera confrontée à lui, en chair et en os ! En tous cas, il n’a vraisemblablement pas installé ce chapelet de caméras dans le seul et unique but de la surveiller.

Charlotte, perdue dans ses pensées, s’est recroquevillée sur le lit après un instant d’hésitation car elle a d’abord songé à se réfugier dans l’armoire. Cela n’aurait sans doute d’autre résultat que d’agacer son ravisseur, a-t-elle pensé ensuite ; elle n’est pas prête à le provoquer, même si les deux issues sont momentanément condamnées et la mettent dans une relative sécurité.

La nuit tombe sur ses épaules comme un couperet et la densité des ténèbres souligne à peine les pourtours du mobilier. Enfin, les caméras ne peuvent plus faire leur office. Cette trêve l’apaise, même si sa tête ankylosée la persuade intimement qu’il y avait effectivement une dose de barbiturique dans le rôti. Tout au long de son sommeil agité et en sueur, Charlotte ne s’extirpera d’un cauchemar que pour plonger aussitôt dans un autre, comme on le conçoit parfaitement.

3 commentaires:

  1. Alors là chapeau.. je me suis tellement fait prendre par la lecture que j'en ai oublié le diner dans le four avec le grill allumé.... le tout en est sorti bien brulé. Je te l'enverrai bien comme prix Goncourt (on y est presque)! Et toi tu me dois un diner.
    Vite la suite.
    Martine

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu brûles donc de connaitre la suite. Inutile de me mettre sur le grill avant dimanche : je ne piperai mot, même si l'épisode suivant est déjà cuit à point. Je le laisse en réserve sur un plateau... comme on l'apprendra ce week-end ! ;-))

      Supprimer
  2. génial, la suite est où? vite

    RépondreSupprimer